La
reconstruction politique et
institutionnelle de Rânes
En septembre 1944, les Américains reconnaissent
le GPRF du Général de Gaulle comme le
gouvernement légal de la France.
Cependant, le pays n'a pas de régime politique
établi. Ce sont les résistants
qui régissent encore certaines administrations.
Avril-mai 1945, les conseils
municipaux sont renouvelés. A Rânes 96 % des
votants se prononcent. Cependant,
comme Rânes n'est qu'un gros bourg, il est plus question de
voter pour un
individu que pour un parti. Pendant le mois d'avril 1945, dix
conseillers
municipaux sur douze sont nommés. Le 13 mai, les
deux autres membres
manquants sont élus [voir
note].
Aucun résistant ne fait partie du conseil. Le 20 mai 1945,
le conseil municipal
nomme Ernest Hamon maire de Rânes, son
prédécesseur pendant l'occupation est
élu par sept voix sur douze à la place d'adjoint.
On ne peut pas parler d'une
épuration institutionnelle à Rânes.
Le 21 octobre 1945, les Rânais
doivent se prononcer sur un référendum
à deux questions et élire
l'assemblée constituante. Ce sont les premières
élections depuis 1936. A la
question "oui" ou "non" à la rédaction d'une
nouvelle
constitution, 98,4 % de "oui" à Rânes. Le
résultat est conforme à
l'ensemble de la France. Par contre à savoir si l'on doit
limiter les pouvoirs
de l'assemblée constituante, 93 % des Rânais se
prononcent pour le
"oui" alors que la moyenne française est de 66 %. De ces
résultats
électoraux, on reconnaît le soutien des
Rânais au Général de Gaulle, au
M.R.P. et à la droite classique comme le confirment les
scrutins pour les
élections à l'assemblée constituante.
La droite modérée et M.R.P.
obtiennent à eux seuls presque 93 %. Le M.R.P. pour sa part,
emporte 45,84 % du
suffrage exprimé. On ne retrouve pas l'écrasante
défaite que connaît alors
la droite sur l'ensemble de la France. Cependant nombreuses de ces voix
sont
passées dans les mains du M.R.P. (Mouvement
Républicain Populaire), parti de
la résistance chrétienne. Bien qu'il ne se trouve
pas à droite, il se situe
plus au centre qu'à gauche ? Avec des têtes de
file comme Maurice Schumann,
Georges Bidault, il apparaît comme le parti le plus proche du
Général de
Gaulle, très estimé à Rânes,
et comme le seul capable de s'opposer aux
actions des communistes.
Avec ce référendum et cette élection,
on constate
que la commune de Rânes reste dans le camp du centre et de la
droite et que
désormais ils font des affaires d'Etat un enjeu important
puisque 80 % des
Rânais et des Rânaises - depuis le 21 octobre- se
sont prononcés. On
reconnaît aussi le dissentiment à
l'égard du parti communiste, principal
porte-parole de la laïcité. Cela se retrouvera dans
le référendum du 5 mai
1946 quant à la création d'une
assemblée unique élue pour cinq ans et
disposant de tous les pouvoirs -à la demande des communistes
et des socialistes
majoritaires à la chambre. 87 % des Rânais se
prononcent pour le
"non".
La reconstruction politique et institutionnelle se fera plus
rapidement que les autres. Très vite la vie reprend son
cours, chaque Rânais
retournant à son propre quotidien,
libéré du poids allemand.
Note:
Avril 1945: Nomination de 12 membres du Conseil Municipal
(majorité absolue)
Nombre
de votants: 524; Suffrages exprimés: 504;
Majorité absolue: 253 voix
[
les
femmes votaient pour la première fois en France]
Hamon Ernest (472);
Gautier Emile (455); Bisson Jean (422); Gautier Raymond
(421); Guillais
Pierre (378); Lizion Joseph (371); Bouquerel Henri (354); Catois
Charles (325);
Lemière Arsène (322); Aumoitte Henri (253);
Mangeard Octave (251); Royer Emile
(212); Levillain Adrien (195); Serée Charles (133); Jouvet
Gustave (116); Mme
Lebreton (113); Duval André (58); Mallet Robert (55); Mme
Guibout (42); Turpin
Robert (36); Mme Duhamelet (35); Millet Roger (28)
13 Mai 1945, élection
de deux Conseillers Municipaux
Nombre d'électeurs inscrits: 695; Nombre de
votants constatés par les émargements: 465;
Nombre d'enveloppes trouvées dans
l'urne: 465
Elus: Charles Serée, Arthur Mourez
20 Mai 1945, élection
par le Conseil Municipal du Maire et d'un Adjoint
Elu Maire par 11 voix sur
12: Ernest Hamon
Elu Adjoint par 7 voix sur 12: Pierre Guillais
Arthur
Mourez devient secrétaire
Extrait
de: Jean-Philippe Bignon,
Rânes
pendant la seconde guerre mondiale
Mémoire (Histoire), Université de
Caen, 1994. pp 49-50

Plan
au 1/2000ème établi par l'architecte
Besnard-Bernadac, en charge de la reconstruction du bourg, recensant
les dommages
de guerre intervenus à Rânes
(Archives du Département de l'Orne 202 J
162)
Source:
Archives
départementales de l'Orne, site
1944.orne.fr
Notez
les mentions
Emplacement
sollicité pour
édification WC collectif,
Baraquements
édifiés [sur la place en face de
l'église],
Immeuble
Chauvin [lieu du bombardement du 14 Août]
Rapport
concernant l'achat du château de Rânes par
la municipalité, établi le 21 Avril 1947 par les
architectes Besnard-Bernadac et Lang (Archives du
Département de l'Orne 202 J 162)
Source:
Archives départementales de l'Orne, site
1944.orne.fr
Film
français d'origine inconnue tourné quelques années
après la
libération du village un jour de marché (date
exacte
inconnue). Le film est de médiocre
qualité
mais les baraquements de la reconstruction et les
dégâts
sur le château sont bien visibles.
Si vous connaissez l'auteur de ce film ou ses ayants droit, merci de
nous le faire savoir.
|
Baraquements
provisoires au centre du bourg
Le
café a
été reconstruit en
priorité...
Baraquements
provisoires au centre du bourg, photo prise en hiver

Baraquements
provisoires au centre du bourg

Baraquements
provisoires au centre du bourg

Baraquements
provisoires au centre du bourg, photo prise en hiver

Baraquements
provisoires au centre du bourg
Baraquement
provisoire sur la place de l'Eglise
Au premier plan : une femme inconnue et Marie-Anne (dite Annick)
Floc'h, future Mme Joseph Peccatte

Reconstruction
de la pharmacie

Reconstruction
de la pharmacie
Reconstruction
de la boulangerie Duval
Reconstruction de la
dépendance gauche du château, actuellement la poste

Des ouvriers creusent la cave de la nouvelle "Pharmacie du lion de Flandres" d'Arthur Mourez située sur la nouvelle route venant d'Écouché, après le garage.
En arrière plan de la pelleteuse, la nouvelle poste, ancienne dépendance du château (voir photo ci-dessus).

Reconstruction
de l'aile droite du château

Vue
aérienne 1944

Vue
aérienne (années 45-50 ?) - travaux devant le
château
Rânes, îlot
5, avril 1949, bénédiction de la
première pierre
Ce dessin dans le style de Dubout a probablement
été réalisé
par Jean Banide qui était dessinateur dans le
cabinet de l'achitecte Besnard-Bernadac.
Le ministre de la reconstruction et de l'urbanisme Eugène
Claudius-Petit était présent lors de
cette cérémonie.
Certains personnages du dessin portent un nom; de gauche à
droite:
- Besnard- arch, l'architecte
Besnard-Barnadac
- Mesier (?)
- Clairait - curé,
l'abbé
François Clairay, curé de Rânes de 1946
à
1972, qui avait succédé à
l'abbé
Lévesque
- Pépère,
Georges Mallet, entrepreneur de maçonnerie
- M. Carisio, chef de chantier de
l'entreprise Mallet
- Bouchard à la grosse
caisse (Lucien Bouchard, qui en fait jouait de la basse)
Georges Mallet avait une entreprise de
maçonnerie à Drancy au début de la
guerre et avait jugé prudent de mettre sa famille
à l'abri, loin du noeud ferroviaire de Drancy souvent cible
de bombardements. La famille avait donc établi
temporairement ses quartiers à Rânes, village
natal du grand-père. Contrairement aux espoirs du
grand-père, la famille fut prise dans la tourmente
d'août 1944 au milieu des autres Rânais.
Les hostilités
passées, Georges Mallet installa
une antenne de son entreprise parisienne à Rânes
pour participer à la reconstruction de son village natal. Le
siège était situé dans la maison que
tous les vieux
Rânais nomment le
Chalet, actuellement 21 rue des Escholiers (voir ici).
Dans les papiers de la famille figure ce dessin qui retrace la
bénédiction de la première pierre de
l'îlot 5
; Mme Mallet a ajouté les légendes des
personnages ainsi qu'une annotation
précisant que l'inauguration eût lieu en avril
1949.
Le coiffeur Charles
Sérée avait affiché ce dessin sur son
échoppe (encore un baraquement à
l'époque); cela n'avait pas plu à
l'abbé Clairay qui lui avait demandé de le
retirer. Cela avait fait un certain bruit dans le village....
Merci à
Jean-Bernard Vérot (beau-fils de Mme Mallet) pour nous avoir
transmis ce dessin