En 1941, Jacques
Foccart et Henri Tournet se sont associés pour exploiter une
coupe de bois située à La Forêterie,
à deux kilomètres environ du bourg de
Rânes sur la route d'Écouché; cette
exploitation devait devenir le centre de la résistance
à Rânes.
Voici les principales sources documentaires
publiées
qui décrivent les activités de Jacques Foccart et
de son groupe de résistants à Rânes et
dans les environs:
- André
Mazeline, Clandestinité
: La
Résistance dans le département de l'Orne,
Première édition: La
Ferté-Macé, 1947.
Réédition: Tirésias,
1994
voir pp. 57-58, 132-135
- Pierre
Péan, L'Homme
de l'ombre, Fayard,
1990
voir les chapitres 8 ("Du bois pour l'Organisation Todt"), 10 ("La
Chasse est ouverte") et 11 ("l'Affaire Van Aerden")
- Jacques
Foccart, Foccart parle,
entretiens avec Philippe Gaillard, Fayard - Jeune Afrique, tome I,
1995. voir pp. 39-56
- La
Résistance dans
l'Orne, CD-ROM publié par l'AERI
[Association pour des Études sur la Résistance
Intérieure], 2005, ISBN : 2-915742-12-X
- Stéphane
Robine, Quatre
années de
lutte clandestine : les résistants du Bocage ornais. Flers
: Le Pays Bas-Normand
- tome 1, 2004 (paru en 2005), voir pp. 174-176, 181-195
- tome 2, 2005 (paru en 2006), voir pp. 24, 75-82, 90, 141-148, 177,
179,
182
- Jean-François Miniac,
Les grandes affaires criminelles de l'Orne , éd.
De Borée, Paris, 2008
voir les chapitres:
"La terre de France buvait son propre sang. Affaire Émile
Buffon, Joué-du-Plain, Non résolue, 16 juin
1944", pp. 153-177
et "Dans le secret des futaies. Affaire
François Van Aerden, Lougé-sur-Maire, Non-lieu,
1er
septembre 1944", pp. 179-194 - Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'Occupation, Odile Jacob, 2013, page 378 sq (Jacques Foccart résistant et Jacques Foccart homme d'affaires)
- article Jacques
Foccart sur Africa
Ciel
Voir aussi les articles suivants sur
Wikipedia:
Plus de soixante
années après les faits, plusieurs aspects
de la résistance à Rânes et dans les
environs restent des sujets sensibles et controversés. Nous
renvoyons le lecteur intéressé aux ouvrages
mentionnés ci-dessus.
Jacques
Foccart
Jacques Koch-Foccart (31
août 1913,
Ambrières-le-Grand –19 mars 1997), dit
Jacques
Foccart,
était un conseiller politique français,
secrétaire
général de l'Élysée aux
affaires
africaines et malgaches de 1960 à 1974.
La
Résistance
Il prend
contact avec la Résistance en 1942 sur sa terre natale.
Après
des faits de résistance en Mayenne et dans l'Orne, il
rejoint
Londres et le
BCRA.
[1]
Le 27
avril 1944, lieutenant-colonel, il franchit sous les balles un
barrage de la
Feldgendarmerie
dans l'Orne. Son adjoint, Roger Le Guerney, est tué en le
protégeant de son corps. Au moment du
débarquement de
Normandie, il est chargé du plan "Tortue" [2]. Le commandant
Mazeline, chef départemental des FFI de l'Orne, à
ce
titre chargé à ce niveau du plan Tortue, qualifie
l'action de Foccart de fantomatique dans
Clandestinité.
Son nom est évoqué par la SRPJ de Rouen en 1953
comme
étant lié à deux énigmes
criminelles,
l'affaire
François
Van Aerden à Rânes et l'affaire
Emile Buffon
à Joué-du-Plain en 1944.
En octobre
1944, il est à nouveau à Londres où il
rejoint
les services spéciaux alliés. Il monte avec
François
Mitterrand, alors responsable des prisonniers de guerre,
l'opération
Viacarage [3]
L'homme
politique
D'abord membre du conseil
national, puis secrétaire général
adjoint, il
remplace en 1954
Louis
Terrenoire comme secrétaire
général du
RPF
sous la IV
e
République.
Monsieur Afrique
En 1952, il est coopté par le groupe sénatorial
gaulliste pour participer à l'
Union
française, censée
gérer les rapports de
la France avec ses colonies. En 1953, il accompagne de Gaulle dans un
périple africain. Il fait la connaissance à
Abidjan
d'
Houphouët-Boigny.
Il revient
au pouvoir en 1958, en étant nommé par de Gaulle
au
poste de conseiller technique à l'Hôtel Matignon,
chargé
des affaires africaines. [4]
C'était le « Monsieur
Afrique »,
homme de l'ombre du général
Charles
de Gaulle, puis de
Georges
Pompidou.
Homme de
réseaux et de l'ombre, il joue un grand rôle dans
la
politique étrangère africaine à partir
de 1960,
au point qu'on a pu dire qu'il était, après De
Gaulle,
l'homme le plus influent de la V
e
République.
Il a été souvent considéré
comme étant
l'instigateur de nombreuses conspirations etcoups d'État en
Afrique durant les années 1960 [5].
Proche du
Maréchal
Mobutu, il fut en 1967 un acteur important du soutien de la
France à la sécession biafraise, par mercenaires
interposés et dons d'armes.
Des critiques du gaullisme aiment à insinuer que deux
bureaux se faisaient face au gouvernement : le bureau du
Premier
Ministre pour la métropole, et celui de Foccart pour la
Françafrique.
Il fut le co-fondateur du
Service
d'action civique (SAC).
Ce qui a été appelé les
« réseaux
Foccart » était constitué d'un
carnet
d'adresses très fourni qui faisait remonter
jusqu'à lui
les diverses tendances composant les relations franco-africaines et
de liens étroits avec les services secrets (
SDECE,
DST).
Son rôle
ne se limitait pas à l'Afrique, puisqu'il était
chargé
par de Gaulle à la fois des services secrets et du suivi des
élections et en particulier des investitures durant les
années
60. En 1969, pendant le bref passage d'
Alain
Poher à l'Elysée, une commode qui
permettait
d'enregistrer les autres pièces du palais fut
découverte.
L'affaire fut dévoilée par le
Canard
enchaîné et connue sous le nom
de
commode à
Foccart.
[6]
Jacques Foccart a été l'un des initiateurs
principaux d'une certaine politique française en Afrique
appelée
« Françafrique » par
ses
détracteurs - terme emprunté à
Houphouët-Boigny,
repris par
François-Xavier
Verschave dans ce sens dans son ouvrage
La
Françafrique,
le plus long scandale de la République - et qui se
serait
poursuivi sous
François
Mitterrand avec le fils de ce dernier,
Jean-Christophe.
Notes et
références
[1]. Il est enregistré sous le nom de
Binot,
référence au Boulevard Bineau, de
Neuilly-sur-Seine, où il a habité
[2]. Il faut ralentir par des attentats l'acheminement des
blindés allemands vers le front de Normandie.
[3]. Son objectif est la libération des camps de prisonniers
et de concentration : la plupart des hommes ayant
participé sur le terrain à cette mission
périlleuse y laisseront la vie.
[4]. Dès lors, il dirige les services secrets pour tout ce
qui concerne l'Afrique : chaque mercredi, il reçoit
le général
Grossin,
directeur du
Sdece,
pour lui transmettre sur ce dossier les consignes de l'Elysée
[5]. Il n'est pas un
coup ayant eu lieu en afrique
qui ne lui ait été attribué,
jusqu'à l'assassinat de Ben Barka, en 1965, avec la fameuse
formule répétée à
l'audience :
Foccart est au parfum.
[6]. En première page du Canard
enchaîné du 4 juin 1969, on peut lire en
surbandeau l'
Histoire de la commode à Foccart
qui renvoie en page 2, où il est question de la
découverte de la dite commode. Le journal ajoute :
Cette
découverte a eu l'avantage de mettre en évidence
un petit fait qui en dit long : les propos tenus dans les
propres bureaux de De Gaulle étaient
écoutés et enregistrés par Foccart.
Foccart porte plainte contre le journal relevant entre autres
les
insinuations malveillantes lancées contre lui de
manière épisodique, le présentant
comme le chef d'une police parallèle, ou l'Eminence grise du
chef de l'Etat.... Durand 10 semaines, le Canard instruira
à l'avance le procès de M. Foccart, avec une page
d'enquête et d'échos chaque semaine. Fin janvier
1970, le tribunal de grande instance de Paris se déclara
incompétent et condamne Foccart aux dépens, au
motif que
Le canard avait attaqué
Foccart homme public, dans sa fonction et que c'était
Foccart privé qui s'estimait diffamé. Le4
novembre 1970, la cour d'appel déboute Foccart.
Article Jacques
Foccart sur l'encyclopédie Wikipedia
Voir
aussi: Interview
de Jacques Foccart à propos de la sortie de son
livre "Foccart Parle"
Extrait du journal de 20h d'Antenne 2 du 10 février 1995
Article Jacques
Foccart sur Africa
Ciel
Le commandant André
Mazeline et Jacques Foccart
Le
commandant
André Mazeline
était le chef départemental des F.F.I. pour
l’Orne
depuis le 20 juin 1944 ; il a succédé
à Daniel
Desmeulles arrêté le 13 juin.
Le commandant
Mazeline est
resté dans l’armée après la
guerre et a
publié Clandestinité : La
Résistance dans
le département de l'Orne (Première
édition: La
Ferté-Macé, 1947.
Réédition:
Tirésias,
1994
),
témoignage de première main et incontournable sur
la
résistance dans ce département.
Il
cite brièvement dans cet ouvrage le groupe de
résistance constitué par Jacques Foccart :
« il est
impossible, faute de renseignement précis, de
s’étendre ici sur le rôle et
l’activité
de ce groupement qui a fait cavalier seul et qui n’eut que
des
rapports très indirects avec les autres organisations si ce
n’est avec le B.O.A. » (Clandestinité
pp. 57-58).
En
réponse aux observations qui lui ont
été faites
lors de sa demande d’autorisation pour la publication de son
livre, Mazeline a rédigé en 1948 la
réponse
reproduite ci-dessous.
« II n'entrait pas, dans le cadre de mon ouvrage, de traiter
du
PLAN TORTUE à l'échelon régional,
puisque je me
suis borné à l'étude de la
Résistance pour
le Département de l'Orne seulement. Et le sujet
m'était
facile, car, l'application du PLAN y fut l'œuvre, dans sa
presque
totalité, des F.F.I. placés sous le commandement
de
DESMEULLES et le mien.
Or, en indiquant les résultats obtenus, résultats
qui
placent l'Orne parmi les tous premiers des douze
départements
chargés de l'exécution du PLAN, je n'ai pas
l'impression
d'avoir déformé défavorablement la
stricte
appréciation historique, ni surtout la
vérité
historique.
Peut-être n'ai-je pas attribué les
mérites de cette
exécution du Plan à ceux qui, par la suite, les
ont
accaparés et s'en réclament officiellement. Mais,
ayant
vécu la période de Janvier à
Août 1944
d'abord comme adjoint au Chef départemental A.S. puis comme
Chef
départemental F.F.I. moi-même, j'étais
assez bien
placé pour juger de la question.
Et l'opinion moins sévère que ma
pensée que
j'émets dans mon livre sur M. FOCCART et ses groupes se
justifie
largement par les faits.
D'ailleurs cette critique qui m'est adressée au sujet du
PLAN
TORTUE pourrait l'être également à
propos de toutes
les missions F.F.I. qui, elles aussi, avaient une origine, une
portée et un sens dépassant le cadre du
département.
Mais je ne doute pas que d'autres aient déjà fait
leur
rapport sur cet important sujet et je comprends fort bien pourquoi les
conclusions de mon étude ne coïncident pas avec
celles de
ces rapports officiels.
Aussi une mise au point m'apparaît-elle utile.
Le héros « accrédité
» du PLAN TORTUE
pour les régions de l'Orne, de la Mayenne et du Calvados
serait
M. FOCCART, pseudo « BINEAU » sous-Officier en
Janvier
1944, sous-Lieutenant en février, Capitaine en
août,
Commandant en septembre, Lieutenant-Colonel en novembre 1944.
Primitivement M. FOCCART ne semblait nullement destiné
à
une aussi rapide et glorieuse fortune. Il était en effet
chargé de la responsabilité du sous Secteur A.S.
de RANES
(étendue territoriale d'un canton). Il faut croire que ce
Commandement modeste ne correspondait pas à ses ambitions
puisque, sans même en référer
à ses Chefs
directs, il est entré en contact avec une autre organisation
afin d'y jouer un rôle toujours demeuré assez
mystérieux.
L'organisme en question était le Réseau Action
TORTUE.
Néanmoins, la responsabilité de
l'exécution du
PLAN pour l'ORNE fut confiée à DESMEULLES, Chef
Départemental A.S., à la suite d'entretiens avec
SYLVAIN,
ERIC, FANTASSIN et auxquels j'assistais en tant qu'adjoint de
DESMEULLES à l'époque.
Ce dernier reçut la mission d'adapter aux conditions
géographiques et aux circonstances les consignes d'ordre
général reçues à ce sujet,
avec l'aide de
son État-Major F.F.I. Il conçut un Plan d'action,
constitua des équipes spéciales, prit en charge
l'armement anti-char et en assura la distribution.
M. FOCCART, qui prétendait avoir une activité
autonome,
ne participa nullement à cette action
préparatoire.
La mission « TORTUE » fut donc incluse dans
l'ensemble des
missions confiées aux F.F.I. du Département. Le
mérite de son exécution revient à eux
seuls et
à leurs Chefs.
II est d'autant plus étonnant de voir M. FOCCART se
l'attribuer
que le 9 juin 1944, ses agents, reçus par DESMEULLES et moi
au
Maquis de FRANCHEVILLE nous déclarèrent que
l'heure de
l'action immédiate n'avait pas encore sonné pour
eux et
que les groupes anti-panzer « BINEAU »
n'étaient pas
encore entrés à cette date dans une phase active
de
combat.
Il eut pourtant semblé normal qu'il en fut autrement,
puisque
les opérations de retardement de montée des
renforts
ennemis avaient d'autant plus d'intérêt qu'elles
étaient entreprises au cours de la période
critique du
début du débarquement.
Cette entrevue de FRANCHEVILLE fut d'ailleurs le seul contact que les
F.F.I. de l'ORNE eurent, jusqu'à la Libération,
avec
celui qui se prétendit par la suite leur responsable
«
TORTUE ».
Par ailleurs, de son activité personnelle, aucun
écho ne
nous est parvenu. Aussi, les agissements de M. FOCCART, en septembre
1944, n'ont-ils abusé personne parmi les F.F.I., lorsqu'il a
revendiqué pour son compte personnel le
bénéfice
d'une action qu'il n'avait ni montée, ni
réalisée,
ni dirigée et lorsqu'il a incorporé à
son
Réseau des déportés et des morts qui
étaient avant tout et seulement F.F.I.
Je ne discute en aucune façon le mérite des
Responsables
Régionaux TORTUE qui sont tombés dans
l'accomplissement
de leur mission, en s'en acquittant d'une façon
irréprochable et souvent magnifique. Mais je ne veux pas
entrer
dans le jeu de ceux qui se sont cru autorisés à
prendre
et à exploiter leur succession.
D'ailleurs, j'ai évité, dans mon ouvrage, d'avoir
à donner mon opinion personnelle sur l'exécution
du PLAN
TORTUE. Mais je suis fermement persuadé qu'il n'a pas
atteint
son but initial : le fameux retard de huit heures. Toutefois,
à
d'autres points de vue, ses résultats peuvent permettre de
le
considérer comme un succès.
La question de l'Histoire de la Résistance est
délicate,
elle doit s'entourer de garanties sérieuses. Et il est
certain
que le témoignage de ceux qui l'ont vécu en offre
bien
davantage que les rapports de ceux qui en ont vécu.
»
Extrait
de :
Clandestinité
: La Résistance dans le département de l'Orne
(Première édition: La
Ferté-Macé, 1947.
Réédition: Tirésias, 1994). pp.
132-135 ©
Tirésias, 1994
Publié avec l'aimable autorisation des
Éditions
Tirésias